"Dans ma cellule, trois mètres de long sur un mètre cinquante de large il y a quelque chose, la Bible. Elle est là par terre. Elle est une épreuve pour mon cerveau ivre de liberté. Elle me fascine et me dégoûte.
Alors un jour, je lance un défi à Celui en qui je ne crois pas.
Et je crie : "Si tu existes vraiment, alors viens me voir. Oui, tiens ; je te donne rendez-vous à deux heures du matin. On causera. Et si vraiment tu fais tout ce qu'il y a d'écrit dans ce bouquin, tu pourras bien ouvrir mes barreaux et je pourrai retrouver ma liberté. Mais je n'y crois pas."
Nous étions le 11 juin 1969.
Le 12 juin dans la nuit, je suis fortement secoué. Croyant à l'intrusion d'une personne étrangère dans ma cellule je me lève d'un bond. Je crie : "Qui est là ?" Immédiatement une voix me répond, une voix à l'intérieur de moi qui éclate à mes oreilles et résonne en moi comme dans un tunnel.
- Il est deux heures, André, nous avons rendez-vous.
- qui es-tu ? Que viens-tu faire ici ?
Je n'ai pas peur. Je bondis sur la porte. Je frappe. Le surveillant de garde s'approche et me demande ce qui se passe...
- Qu'est ce que tu viens me raconter des histoires à travers cette porte ?
Bien sûr il ne comprend rien à ce que je lui dis. Il m'affirme n'avoir pas prononcé un seul mot.
- Quelle heure il est ?
- Deux heures du matin.
Je me retourne dans ma cellule. Le surveillant s'en va. Je fais quelques pas. Alors cette forte voix intérieure qui résonne à mes oreilles va reprendre aussi forte :
- ne sois pas incrédule. Je suis ton Dieu. Le Dieu de tous les hommes.
- Je ne t'ai jamais vu. Je ne te vois pas. Je ne te connais pas.
Alors ma toute petite cellule si sombre, si obscure, va disparaitre lentement. Il n'y avait plus de plafond, il n'y avait plus de murs. C'était un ciel dans une cellule. Disparus les barreaux verts de la petite lucarne. A la place, il y a une belle lumière indescriptible.
Et dans cette lumière, un homme apparaît. Un homme que je ne connais pas. Qui va seulement me montrer ses pieds percés, ses mains percées, son côté droit percé.
De nouveau, une voix forte s'élève dont je vais entendre les paroles. Une voix qui n'est plus à l'intérieur de moi mais qui résonne dans la cellule.
- C'est aussi pour toi.
C'est à ce moment là que les écailles de mes yeux, lourdes de trente-sept ans de péchés vont enfin tomber : Il est le Sauveur et je suis pécheur.
Pour la première fois de ma vie, je tombe à genoux devant quelqu'un et je pleure, parce que pour la première fois de ma vie quelqu'un veut m'aimer.
Cinq heures durant, je reste à genoux. Il me faut refaire à l'envers la marche de tout le mal que j'ai commis....
Jésus dans sa grande miséricorde dans son grand amour est venu m'en libérer.
Libéré en 1975, comme un papillon André voyage de ville en ville pour parler de Celui qui est venu le visiter
dans une cellule pour parler de ce Dieu de miséricorde, de bonté, et de liberté, pour témoigner qu'il est bien vivant.
Tiré du Livre "Ma dernière Cavale avec Jésus-Christ". André Levet (1969) Ed. Nouvelles cités 1995.