C'était probablement un vendredi. Je rentrais chez moi en solex pour prendre mon repas de midi.
J’avais une rédaction à rendre dans l’après midi que je n’avais pas faite, faute d’idées ! J’étais donc stressée.
Au carrefour Avenue du Général Leclerc, je devais tourner à gauche pour prendre le quai de la Bataille. Je n’ai jamais eu de bonnes notions des distances.
Au carrefour, j’ai vu le camion arriver droit sur moi, naïvement, j’ai levé les bras pour le repousser, confiante dans une parole d’Evangile disant que la Foi peut déplacer des montagnes, donc un camion, j’ai tenté …!
Bizarrement, il me restait un peu de confiance aussi que Dieu et/ou notre Ange gardien nous protègent.
Je me dis aujourd'hui, qu'ils devaient être occupés ailleurs, en plein déjeuner tous les deux et m’ont oublié, ou trop occupés ou distraits ? Ca n'a pas marché, le camion m'a percutée violemment.
Je ne me souviens de rien d’autre pour l’accident.
Mon père n’a jamais eu de voiture. Ma mère m’a appris il y a peu de temps qu’ils avaient reçu un appel de l’hôpital et qu'ils avaient couru pour prendre un train et venir me voir à l’hôpital. Nous habitions Jarville la Malgrange et Papa (sans voiture) travaillait à la SNCF. Les voyant courir dans la rue (sûrement en pleurant ?), un Mr en voiture qu’ils ne connaissaient pas leur a proposé son aide et déposé à l’hôpital. Dieu ou St Michel passaient ils là incognito ?! Ils n’ont jamais eu de nouvelles de ce Monsieur. Je ne sais pas pourquoi nous avons peu parlé de cet accident par la suite.
Pendant ce coma, je me suis sentie comme aspirée dans un tunnel, baignée d’une grande lumière blanche, aveuglante. J'étais dans un grand espace lumineux. Je ne voyais rien, ni personne sauf cette lumière, cet immense espace. Cependant j'avais tellement conscience d'être entourée d’un grand amour universel. Je ne peux pas décrire ça. Ceux qui ont vécu ce type d'expérience disent la même chose : "ca ne peut pas se décrire."
Cet amour dont j'étais entourée me ravissait, me réconfortait. Pour la première fois de ma vie, j'ai senti cet amour dont je rêvais depuis toujours, moi qui en manquait tant.
Je constatais que je n'avais plus de corps. Certainement, ici il n'y avait que des âmes.
Certainement, ici il n'y avait pas de querelles, pas de paroles, seulement une compréhension immense de tout ! C'était un lieu de paix, d'amour, j'étais heureuse. Enfin heureuse !
Puis j'ai senti une Présence à mes côtés.
Bizarrement, j'étais sûr que quelqu'un se tenait près de moi mais je ne le voyais pas. Cette Présence me donnait de l'amour et m'acceptait telle que j'étais. Comment définir cette Présence ? C'était un Univers d'amour
!
Quel bonheur d’être enfin acceptée telle que j’étais. Quel soulagement.
J'étais si bien que je voulais rester là.
Mais… j’ai senti que non, je ne devais pas rester, que je ne pouvais pas rester, ce n’était pas encore le moment, j’étais trop jeune.
La Présence m’a demandé deux fois si vraiment je voulais rester.
J’étais si bien, OUI, OUI, OUI, je voulais rester là, enfin comprise !
Il m’a suggéré de penser à la peine de mes parents ?! A ma jeunesse "tu es jeune...!" Non et non, c'est tellement moche en bas ! Non, je veux rester là !
Devant mon refus de redescendre, Il m'a demandé si je ne voulais vraiment pas avoir d’enfants ?
A cette question, çà oui, j'avais envie d'avoir des enfants alors j'ai accepté et donc je suis revenue dans mon corps.
J'ai bien conscience que c'est peu comme description, mais ma mémoire défaillante ne me laisse pas d‘autres souvenirs. Les choses vont si vite et ensuite on a envie d'oublier. J’aurais dû l’écrire sur le vif !
Mais avant de redescendre, j’ai revécu un moment où je n’avais pas été spécialement sympa avec une amie, à l’école,… pendant mon enfance. J’ai vécu ce "rappel" dans la peau de la personne à laquelle je l’avais infligé. J’étais très étonnée de ressentir sa souffrance car pour moi c’était un épisode sans importance, totalement oublié.
Après dans le cours de ma vie, j'ai été attentive à cet aspect et j'ai fais un effort pour ne pas infliger de telles souffrances, même en étant distraite.
Je suis donc redescendue, mais désolée de l’ambiance terrestre, par rapport à la félicité que je sentais dans cet espace céleste. Ici, tout est si vil, si pauvre, intolérant, mesquin, fourbe …
Je suis restée quatre jours dans le coma. J'en conserve encore quelques souvenirs de cette période. Dans le coma j'avais de brefs instants de conscience. Dans ces instants de lucidité, je ne pouvais pas ouvrir les yeux, la lumière me faisait très mal. J'avais conscience de mon environnement, j'entendais, mais sans pouvoir le manifester.
Je sentais mon Père venir près de moi chaque matin, avant de rejoindre son travail, très inquiet. Je me demandais pourquoi il était si inquiet. Puisqu'il disait toujours que j'étais une déception pour lui et maman, ils auraient voulu avoir un garçon et moi, ils le disaient souvent j'ai été leur plus grosse déception à ma naissance.
Pour être comprise, il est temps que je précise que je ne me sentais pas aimée. Depuis que j'étais en âge de comprendre, j'entendais à chaque réunion de famille que mes parents n'avaient jamais été aussi déçus qu'à ma naissance. J'étais née trop tôt après ma sœur qui ne me précédait que de dix-huit mois et mes parents voulaient un garçon. Donc j'entendais toujours la même rengaine : "on n'a jamais été aussi déçu qu'à sa naissance !" J'avais ce désastre au cœur de n'être pas aimée. C'est pourquoi je ne comprenais pas pourquoi mon père était inquiet pour moi.
Un jour, mes parents sont venus en famille. Ma sœur aînée s’est mise à pleurer et dans mon coma, ma demi-conscience, çà m’énervait, je ne comprenais pas qu'elle pleure. Puisque je n'étais pas aimée...
Je n'avais pas conscience de mon état, de ce que j'étais devenue.
Mes camarades de classe sont venus aussi, comme ils me voyaient inconsciente, ils parlaient sans avoir conscience que je les entendais, disant que "j’avais une sale tête" et sont repartis rapidement, impressionnés. Je les ai entendu dire que ma professeur de comptabilité n’a pas trouvé mieux à dire que "elle l’a cherché, elle n’avait qu’à rester à la cantine !" et zou !
Je me suis donc réveillée complètement après 4 jours de coma, étonnée surtout de la douleur due aux perfusions. Je pensais être dans une salle commune. C’étaient encore de grandes salles à l’époque et les personnes décédant dans la nuit étaient déplacées en fond de salle, derrière un paravent. Nous les entendions gémir pendant leur fin de vie.
J’étais extrêmement inquiète car à douze ans, j'avais été victime d'une tentative de viol et j'avais une peur énorme des hommes. Dans mon coma, je captais que j'étais entourée d'hommes parce que j'entendais des voix très graves. Ca me paniquait complètement.
C'est lorsque je suis sortie du coma, que j'ai compris qu'en fait il s'agissait de femmes à la voix grave, ça m'a rassuré.
Mes voisines de lit se sont rendu compte de mon réveil et ont appelé les bonnes Sœurs. J’étais mieux, rassurée, c’étaient des femmes qui étaient autour de moi !
Ce sont les religieuses qui m'ont appris ma mésaventure = fracture fermée du crâne, et ma rate a failli éclater.
On m'a donné une glace afin que je me regarde et dans les premières secondes, je ne me suis pas reconnue, je me suis trouvée belle ! Pour la première et seule fois de ma vie, je me suis trouvée belle ! Puis la magie s'est estompée et la belle image s'est effacée, je me suis vue, avec mon mental telle que j'imaginais que j'étais
A l’époque le diagnostic était six semaines couchée, sans rééducation après, ni pendant ! Ca a été six longues semaines d’ennuis.