JEANNE LE ROYER,
en religion Sœur de la Nativité
Jeanne Le Royer est né le 24 février 1731 et fut baptisée le lendemain par le vicaire de l'église de la Chapelle-Janson.
La mystique de FOUGERES (Ille et Vilaine)
Jeanne Le Royer est né le 24 février 1731 et fut baptisée le lendemain par le vicaire de l'église de la Chapelle-Janson.
On sait relativement peu de choses de ses premières années et ce que nous en savons c'est elle qui l'a confié par obéissance à son directeur de conscience, l'abbé Genêt qui publia ses confidences en quatre volumes, alors qu'elle est déjà religieuse sous le nom de Sœur de la Nativité. Comme elle aborde principalement le domaine spirituel, elle laisse dans l'ombre les aspects de son enfance.
Nous savons qu'elle avait des frères et des sœurs.
Elle disait souvent que lorsque sa mère était enceinte d'elle, Satan s'est acharnée sur elle, il lui suscitait des terreurs, des chutes, des accidents imprévus, l'attaque de bêtes furieuses, la vision de spectres. L'enfant jusqu'à l'âge de deux ans en aurait conservé une tendance à la nervosité, des tremblements au moindre bruit, des convulsions même. Ses parents, inquiets et très pieux sont allés la confier à la protection de la Vierge Marie au sanctuaire de Notre Dame du Pont Au-Bray à vingt kilomètres de chez eux.
Très jeune, elle est favorisée de l'intervention de Jésus, qui lui donne des visions et des messages. Si jeune qu'elle les voit mais ne peut les relater. Elle en garde cependant un souvenir aigu à l'âge adulte. Les messages divins ne s'effacent jamais.
Elle assiste à un évènement déconcertant
Comme Claire Ferchaud de Loublande qui déclare avoir été favorisée dès l'âge le plus tendre de semblables familiarités avec Jésus, Il s'adresse à Jeanne alors qu'elle est encore si jeune. Il prépare ses ouailles très tôt !
"Ce n'était dit-elle ni mes yeux, ni mes oreilles qui étaient frappés mais mon âme et mon entendement". Ainsi Jeanne déclarera plus tard avoir vu JESUS plus de vingt fois sous l'aspect d'un prêtre, revêtu de l'aube et ceint du cordon, l'étole croisée sur la poitrine. C'était dans le but de lui inspirer un grand respect pour le sacerdoce et pour le Saint Sacrifice de la messe.
Un matin raconte Jeanne, elle assiste avec une amie à un évènement qui l'a déconcertée (et qui ne le serait?). Les deux amies devaient garder des enfants, or pendant que les petits enfants s'amusaient, les deux amies chantèrent un cantique qui avait trait à l'amour de Dieu.
Or à la fin du chant, qui se terminait par :
Et si pour Lui nous brûlons en ces lieux,
De quels feux, donc brûlerons nous aux cieux ?
voici que la petite sœur de son amie âgée de trois ans, à peine le chant chanté, l'enfant se place devant elles et s'élève d'elle-même à trois ou quatre pieds du sol, sans effort, le corps droit, les bras tendus, le visage enflammé, les yeux levés vers le Ciel. La petite file s'élève ainsi à trois reprises en répétant à chaque fois "du feu de l'amour ! Du feu de l'amour ! Du feu de l'amour !
L'évènement marque à jamais Jeanne le Royer.
Postulante et novice chez les Sœurs Urbanistes.
Les
clarisses urbanistes
sont des religieuses de l'Ordre des pauvres dames fondé par sainte Claire d'Assise,-la pauvreté absolue- et qui suivent la règle adoucie donnée par le pape Urbain IV (d'où leur nom) le 18 octobre 1263.
Elle entre en religion à 21 ans et avoue à son confesseur que les termes les plus usuels, employés dans la vie religieuse, utilisés au couvent lui semble de l'algèbre tant elle se trouve ignorante. Mais elle "y tressaillait de joie".
Jésus la favorise de visions de Lui "tantôt c'était sous la forme d'un petit enfant, parfaitement beau, pour me toucher par ses larmes et ses caresses ; tantôt, Il prenait l'aspect et le ton d'un jeune homme qui me suivait dans notre cellule. Il me rappelait ce qu'il avait fait pour moi et me reprochait quelquefois mon peu de reconnaissance et de fidélité.
"Combien d'âmes vont en enfer, me disait-il qui fussent parvenues à une sainteté éminente si, seulement, JE leur avais accordé la moitié des faveurs dont je t'ai comblée et dont il faudra me rendre compte."
Le démon la persécute
C'est au temps du postulat qu'elle apprit à distinguer l'action du démon de celle de Dieu : "Même si le démon dit-elle tente de se transformer en ange de lumière, on ne ressent à son approche que doutes, inquiétudes, frayeurs, découragement... Si c'est Dieu qui approche, c'est le calme, la paix profonde, une douce tranquillité"
Le démon dit-elle est le singe de Dieu, c'est un habile charlatan qui ne peut s'empêcher de mêler du poison à ses liqueurs attrayantes. On le reconnait à cette pierre de touche : il essaie nécessairement de vous détourner de l'obéissance à l'Eglise. Pour le combattre, il ne faut pas s'attarder aux consolations extraordinaires, il faut se détacher de tout ce qui n'est pas Dieu ; il faut voir Dieu en toute créature.
Jeanne prononça ses vœux de religieuse le 30 mai 1755. Ce jour là cependant, Jeanne raconte quel horrible compagnon s'imposa et se tint à ses côtés, quand on la conduisait de la porte d'entrée vers le chœur où elle devait recevoir le voile et la couronne d'épines. Elle voyait marcher un peu en avant, un monstre semblable à un ours, mais plus hideux. Il avançait d'un air triomphant se retournant parfois vers elle et lui faisait entendre que c'était pour lui qu'elle allait prononcer ses vœux et qu'il en serait le seul bénéficiaire.
Au moment où la religieuse prononça ses paroles, le démon disparut aussitôt d'un air menaçant. Mais sa frayeur subsista.
Arrivée au chœur, elle fit effort pour prononcer à genoux aux pieds de l'abbesse la promesse de lui obéir comme à Dieu Lui-même. Alors ce fut le calme le plus profond en elle et Jésus lui dit
: "C'est Moi que tu as pris pour ton partage et, si tu réponds à ta vocation, c'est Moi qui serai ton partage dans le temps et dans l'éternité."
Elle croyait son bonheur assuré désormais : c'était sans compter sans la persévérance du démon qui ne cesse de rôder, cherchant qui dévorer. L'enfer est bien organisé.
Jeanne vit des ravissements, des extases, des vues que le Seigneur permet. Le premier ravissement lui arrive quelques mois après ses vœux. "La première fois que cela m'arriva, explique-t-elle, ce fut lors d'une communion, quatre ou cinq mois après mes vœux. Quelle agréable surprise ! Soudain, je me trouvais revenue sous la forme d'un petit enfant, entre les bras de Notre Seigneur qui me caressait. Mais je gardais mon intelligence qui me faisait reconnaître mon bienfaiteur et je pouvais l'aimer et le remercier... Je me rappelle que mon Jésus me disait en me caressant : "C'est ainsi mon enfant, que tu as toujours été entre mes bras et que ma Providence a toujours veillé à ta conservation. Je veux ma fille que pour répondre aux soins de ma tendresse, tu restes semblable au petit enfant que tu représentes en ce moment et que tu te conformes en tout à ma volonté sainte, afin de ne vouloir et faire que ce que j'exigerai de toi."
C'est surtout à l'Eucharistie que la dévotion de la Sœur de la Nativité demeura sensible. "J'avais dit-elle, le cœur toujours tourné vers le Saint Sacrement. Je l'apercevais des yeux de la foi et d'une manière qui ne peut s'expliquer... Mille fois pourtant surtout pendant le Saint Sacrifice de la messe, j'ai cru apercevoir Jésus-Christ des yeux du corps, au moment de l'élévation des espèces consacrées. Entre les mains du prêtre, Il me paraissait environné d'un globe de lumière tout éclatant de gloire et de majesté. Le soleil dans sa splendeur est moins lumineux. Puis, je Le voyais étendu sur l'autel en l'état d'immolation...
Plusieurs fois j'ai vu le tabernacle comme une fournaise d'amour. Ses flammes les plus pures me laissaient apercevoir un petit enfant d'une beauté ravissante assis sur les saintes espèces conservées à l'intérieur; Celles-ci lui servaient de voile et tempéraient l'éclat de Sa majesté. Je Le voyais, je L'entendais, Il me tendait les bras et m'appelait à Lui :
Je suis, sait-il captif de mon amour. Je suis prêtre et victime tout à la fois. C'est ici que je continue de satisfaire à la justice de mon divin Père, que je m'immole encore chaque jour pour le salut de tous. C'est ici que j'attends les cœurs pour les immoler avec Moi et les brûler de mon amour. Eh ! Pourquoi enfants des hommes, vous obstinez vous à vouloir périr, quand le remède est entre vos mains ?
Elle ressentait une crainte excessive que Dieu ne l'abandonne. Il y avait en elle comme un grand vide. Cette perspective l'eût peut-être jetée dans un état funeste si le Seigneur ne lui fût apparu, un jour qu'elle se troublait davantage : "que crains-tu lui dit-Il ? Ne suis-je pas suffisant pour remplir un cœur ? Renonce à tout le reste. Abandonne-toi à Ma volonté, je saurais payer ta confiance et te dédommager de tous tes sacrifices".
"Ce grand vide, ce néant de la créature, celle mort à toi-même à tous les objets créés, tout ceci est une figure frappante de ce qui arrive à la mort. Alors tout disparaît et l'âme se voit plongée dans l'immensité de Dieu comme une goutte d'eau dans l'océan. Elle y est absorbée, sans perdre cependant son existence propre. C'est là ma fille que je t'attends, c'est là que le vide sera parfaitement comblé.
L'âme coupable sentira aussi la présence de Dieu, mais elle ne le verra que comme un juge inflexible. D'impétueux mouvements la porteront aussi vers Lui ; elle voudra se précipiter dans son sein, mais elle en sera perpétuellement repoussée, une main invisible l'en arrachera sans pitié.
A elle si ignorante, Jésus lui révèle :
Pour mieux comprendre les
Modalités de l'incarnation du Verbe, (c'est-à-dire de Jésus Christ ainsi que le désigne les Chrétiens "et le Verbe s'est fait chair"
Dès que la Sainte Vierge eut donné son consentement à la volonté divine proposée par l'envoyé du ciel, le Saint Esprit forma dans le sein de la Vierge Marie le corps adorable et la sainte humanité de Jésus-Christ. Il le forma de la substance la plus pure du Corps de la Vierge Immaculée. Cependant, bien que conçu en dehors de l'ordre naturel, il était une vraie chair, un vrai corps humain, auquel il ne manquait rien de ce que Dieu a mis dans le corps du premier homme.
Dans le même instant, par un souffle et un acte fécond de sa toute puissante volonté, la Sainte Trinité tira du néant l'âme la plus belle et la plus sainte qui eût encore existé ou qui pût jamais exister. A peine créée, cette âme s'unit étroitement au corps qui lui était destiné.
Dans un acte simultané, soudain, la divinité du Verbe éternel s'unit si intiment à l'âme et au corps du Sauveur, qu'elle ne peut plus en être séparée. Cette union est appelée hypostatique. Elle est plus étroite que l'union du corps et de l'âme, car ceux-ci peuvent être divisés tandis que qu'en Jésus-Christ on ne peut séparer l'homme d'avec Dieu. En Lui, la nature humaine et la nature divine sont si étroitement unies qu'elles ne forment qu'une seule et même personne.
En vertu de la divinité qui lui était unie, l'humanité du Verbe incarné fut élevée à la grandeur suprême. Cependant comme homme Jésus-Christ s'abaissa devant la majesté de son Père éternel jusqu'à la profondeur du néant. Ce parfait adorateur de Dieu, étant Dieu Lui-même, s'obligea à souffrir comme homme, les peines que l'homme avait méritées par sa révolte et donna comme Dieu, un prix infini à chacun de ses souffrances.
Dieu rejette les sacrifices d'animaux :
"Mon Père dit Jésus, faites grâce aux pauvres enfants des hommes. Vous avez rejeté les sacrifices d'animaux, comme étant victimes insuffisantes... Mon Père me voici je me présente à leur place et je veux m'immoler pour l'homme coupable. Si sa faute est infinie eu égard à vous, la réparation que je vous offre ne peut être inférieure. Frappez l'innocente caution : mais de grâce, épargnez le coupable. Je consens à mourir pour lui...
"N'est ce pas pour en faire un sacrifice d'immolation que je me suis revêtu de ce corps ? Ce corps vous me l'avez formé vous-même. Faites grâce au genre humain pour le prix de mes travaux et de mon sang.
La Sœur entendit la voix du Père qui, de concert avec le Saint-Esprit, se tourna vers son Verbe fait chair :
"Vous êtes Lui dit-il mon Fils bien-aimé en qui JE me suis plu de toute éternité et en qui JE me plais uniquement.
L'humanité sainte du Verbe incarné fut élevée jusqu'au niveau de la grandeur suprême. Cependant, comme homme, Jésus-Christ s'abaissa devant la Majesté du Père jusqu'à la profondeur du néant... Comme homme, il s'obligea à souffrir les peines que l'homme avait méritées par sa révolte; comme Dieu, il donna un prix infini à chacune de ses souffrances.
La résurrection :
Jésus dit
:
"Voici ce lieu d'où Je suis sorti triomphant. C'est ici que mon âme amena, avec elle, les âmes des bienheureux de l'Ancien Testament qui étaient aux limbes. Je leur montrai dans le sépulcre mon Corps mort, couvert de plaies et tout noirci de la meurtrissure des coups. A ce moment, l'air fut brillamment éclairé par des troupes d'anges qui descendaient aussi vite que l'éclair. Ils venaient au jardin pour honorer mon triomphe. Les anges se rangèrent en bel ordre du côté du tombeau, Saint Michel à leur tête. De l'autre, le chœur des patriarches et des justes de l'Ancien Testament.
Au moment où l'âme de notre Seigneur s'unissait de nouveau à Son corps, au même instant, en un clin d'œil plusieurs âmes des anciens patriarches furent réunies à leur corps glorieux. Aucun être vivant ne vit le spectacle si ce n'est sa très sainte mère, réfugiée au cénacle.
Dès que parut le corps du Christ, ressuscité dans sa gloire le chœur de anges entonna le Gloria In excelsis Deo puis : voici le jour que le Seigneur a fait, réjouissons-nous.
Le Père Eternel disait
"Vous êtes Mon Fils. JE vous ai engendré de toute éternité dans la splendeur de Ma gloire. Aujourd'hui, JE vous engendre vrai Dieu et vrai homme, Roi immortel et immuable. Toute puissance et toute autorité vous sont données tant au ciel que sur la terre et jusqu'au fond des abimes.
"Vous êtes Roi et Roi de gloire. Je vous établis souverain juge des vivants et des morts. Vous serez la félicité de ceux qui vous aiment. Vous gouvernerez vos ennemis avec la verge de fer et vous les écraserez sous vos pieds. "
Eglise militante :
L'Eglise militante renferme dans son sein tous les justes sans exclure les pécheurs qui n'ont pas perdu la foi. Tout baptisé appartient à l'Eglise, comme membre bon ou mauvais...
La sœur de la Nativité
vit alors le Seigneur jeter un regard de complaisance sur cette troupe choisie et l'entendit qui disait : "Voici l'armée triomphante que J'oppose aux efforts de Satan. On peut l'attaquer ; on ne saurait la vaincre. On peut obscurcir ou transporter le flambeau qui l'éclaire ; on ne l'éteindra pas. Toujours combattue, toujours victorieuse, mon Eglise subsistera malgré les plus furieuses tempêtes et malgré les efforts de ses ennemis. Ses fondements reposent sur la pierre ferme qu'est la vérité de Ma Parole et Je m'engage à la soutenir. Je suis dans son sein pour l'animer et la défendre ; Je suis avec elle jusqu'à la fin des siècles et jamais les puissances de l'enfer ne prévaudront contre elle.
L'EucharistieL'amour que Je témoigne à mes enfants dans l'Eucharistie dit Jésus doit les presser de s'en approcher avec d'ardentes dispositions.
Voici les dispositions nécessaires pour s'approcher dignement de ma table sacrée : une foi vive au sacrement, la charité à l'égard de Dieu et du prochain, l'humilité et la pureté de cœur, jointes à un grand désir de s'unir à moi.
L'humilité doit porter l'âme à s'anéantir dans l'amour et la foi. Cet anéantissement est un sacrifice parfait dans lequel on s'immole soi-même et ce sacrifice correspond à celui par lequel Je m'anéantis Moi-même comme victime pour le salut de tous. Cette immolation réciproque produit des effets admirables.
JESUS s'exprime sur les autres religions et l'utilité du bien et du mal
Un jour qu'elle était particulièrement désolée qu'il y ait dans le monde tant de scandales et de fausses religions, le Seigneur lui dit :
"Tu voudrais ma fille que j'abolisse tous les scandales, tous les faux cultes et toutes les sectes qui portent ombrage à mon Eglise et qui font injure au seul culte que j'ai établi. Autant vaudrait que je fisse cesser le pêcher qui la source de tous ces désordres.
Saches qu'en fait de religion, comme en fait de mœurs, l'homme doit être libre de choisir entre le bien et le mal. Sans cela, je ne pourrais exercer ni ma bonté, ni ma justice. Si l'homme n'était pas libre dans ses actions, il ne pourrait ni mériter, ni démériter : il n'aurait ni récompense à espérer, ni châtiment à craindre. Un instrument purement passif ne peut me rendre un hommage qui m'honore.
S'il n'y avait qu'une seule religion dans le monde, quel mérite y aurait-il à la suivre, quand il n'y aurait point de choix et qu'on ne pût se comporter autrement ? Si les hommes n'étaient pas libres de pécher, que mériteraient-ils à s'en abstenir ? Exempts de concupiscence et de tentation, leur état serait celui des saints dans le ciel : l'état de justice et non celui d'épreuve. Et encore cet état de justice serait aussi peu méritoire qu'inadmissible. On en peut abolir le péché et le mal sur la terre, sans abolir en même temps la liberté de l'homme. Cela répugne à mes attributs comme aux intérêts de ma créature.
L'homme maître de soi-même, doit être tenté et éprouvé pendant un temps. Ce n'est qu'à cette condition que je me tiens honoré des mouvements de son cœur et de ses actions. Je l'ai fait mâitre de choisir et de se déterminer librement en tout.
Cette situation d'épreuve, où l'homme se trouve, est l'ouvrage de ma justice. Il suffit à ma bonté de lui avoir fourni le moyen d'éviter le mal et de pratiquer le bien. Le Grand Jour de ma manifestation justifiera ma Providence: on verra qu'aucun ne sera perdu que par sa faute. On verra qu'à tous, j'ai accordé plus que je ne devais et que j'ai plus consulté ma bonté que ma justice. On ne pourra sans blasphème, m'accuser d'indifférence, moins encore d'injustice ou de cruauté.
Si cela se trouve vrai à l'égard des peuples infidèles, et même barbares, que sera-ce donc à l'égard des chrétiens et surtout des enfants de mon Eglise ? Que pourraient-ils alléguer pour se plaindre de moi... surtout après ces grâces que je leur ai accordées ?
Je les détourne du péché par la crainte du châtiment ; je les porte à la vertu par l'espoir de la récompense. J'amortis en eux le feu de la concupiscence, je ne leur laisse de difficultés à surmonter que ce qu'il en faut pour qu'ils puissent vaincre... Je ne souffre jamais qu'ils soient tentés au dessus de leurs forces et je sais tirer parti de leurs tentations et même de leurs chutes pour les leur faire réparer avec avantage.
Tu dis ma fille que s'il n'y avait qu'une seule religion, les impies ne triompheraient pas et ne prendrais pas occasion de la pluralité des cultes pour blasphémer mon Saint Nom. C'est vrai ma fille, s'il n'y avait dans le monde qu'une seule religion et que des gens de bien, il n'y aurait plus d'erreurs, plus d'impies ; mais la vérité ne serait plus combattue comme il est essentiel de l'être. Les gens de bien ne seraient plus persécutés... ma cause ne triompherait plus ; or elle doit toujours triompher. Mes fidèles enfants jouiraient d'une paix inaltérable... mais ce n'est pas compatible avec l'état présent des choses.
Mon Eglise militante ne peut être sans combattre : il lui faut des combats pour qu'elle puisse remporte la victoire. Il faut souffrir pur être récompensé ;il n'y a de vertu que là où il y a des tentations et des épreuves. Il vaut mieux qu'il y ait de l'ivraie dans le champ plutôt que de n'y trouver ni ivraie ni bon grain.
Ce n'est pas Moi qui ai semé l'ivraie ; mais il entre dans mon plan de tirer parti de ce qu'à fait mon ennemi sans mon consentement. Lemieux est de tout souffrir jusqu'au temps de la moisson. Si tout était clair dans la religion s'il n'y avait point de mystères, où serait le mérite de la Foi ?
Donc ma fille, il n'est pas difficile de comprendre jusqu'à un certain point pourquoi les méchants prospèrent si souvent dans le monde et pourquoi les justes sont si souvent opprimés. Autrement on ne pourrait conclure qu'il n'y a point d'autre vie après la mort. Dieu serait supposé s'être acquitté envers tous dès la vie d'ici-bas, et chacun déjà y aurait reçu ce qui lui revient.
Voici la raison pourquoi Dieu permet que le juste souffre et que le méchant triomphe pour un temps.
Il n'est point d'homme, si juste ou si saint qu'il ne soit, qu'il n'ait encore, ou qui n'ait eu bien des défauts. De même, il n'est point d'homme si méchant qui n'ait encore du bon à certains égards. Or Dieu qui est juste et bon envers tous, ne peut laisser sans punition les infidélités et les imperfections des justes ; de même il ne peut priver les méchants de la récompense des vertus morales qu'ils ont pratiquées. Que fait-il donc ? Il récompense les méchants pendant cette vie afin de ne rien leur devoir à la mort ; il punit les justes pendant leur vie afin qu'ils s'acquittent par la pénitence, de sorte qu'à leur mort, il n'ait plus aucune expiation à leur demander.
Ainsi ces prétendus désordres contre lesquels les esprits forts ont tant argumenté prouvent l'ordre le plus parfait. Ils établissent la nécessité d'une autre vie, aussi bien que de l'immortalité de l'âme et de l'existence nécessaire à la Justice divine.
Pour en revenir à ma Religion Sainte, sachez ma fille qu'on sera toujours libre de l'embrasser ou de la rejeter... On ne la prêche point à main armée. C'est par la persuasion et non par la force que la vérité entre dans les cœurs. Elle respecte le libre arbitre ; mais, à ceux qui veulent se tourner vers elle, je ne refuserai jamais le moyen de la trouver.
Ceux qui s'opiniâtreront à lui tourner le dos, je les laisserai courir à l'erreur. Je veux qu'on agisse sans contrainte, je veux à mon service des enfants et non des esclaves. Je veux être servi librement et non par une crainte servile qui me déshonore.
Vous gémissez ma fille de voir ma Religion persécutée et vous ne remarquez pas que j'en tire une gloire infinie. Le miracle le plus éclatant de l'univers, n'est ce pas le fait que cette religion subsiste et subsistera jusqu'à la fin du monde, sans cesser d'être persécutée, souvent même par ceux que ses enfants qui ont le plus d'intérêt à la protéger et à la défendre.
Ce qui est touchant avec cette religieuse c'est qu'elle avait toujours souhaité mourir un 15 août, jour de l'Ascension... Le Seigneur lui a permis ce privilège !