…Ainsi, pendant cette guerre terrible Notre-Seigneur confie à une âme privilégiée, Claire Ferchaud (1896-1972), la mission de demander au Président de la République qu’il fasse apposer l’image du Sacré-Cœur sur le drapeau français.
Elle lui écrit le 1er janvier 1917.
Le 21 mars Raymond Poincaré la reçoit pour un entretien privé. Face à sa demande renouvelée, le président franc-maçon lui-même tergiverse. La jeune fille lui révèle alors quelques secrets concernant sa vie privée. Troublé, il lui déclare à la fin de la visite : "Vous avez fait votre devoir en noble française".
Le 1er mai 1917, elle lui écrit cette lettre capitale consignant les paroles que le Sacré-Cœur lui a dites à la basilique de Montmartre, dans sa nuit d’adoration du 15 au 16 mars 1917 précédant d’une semaine la fameuse entrevue :
"Le peuple de France est à deux doigts de sa perte. Le traître vit au cœur de la France.
C’est la Franc-maçonnerie qui, pour obtenir la perte éternelle de ce pays, d’accord avec l’Allemagne, a engendré cette guerre. Les trahisons se poursuivent, et si quelqu’un pouvait pénétrer à l’intérieur de plusieurs cabinets, il y découvrirait les pièges…
Sans moi (le Sacré-Cœur), la France serait perdue; mais mon amour qui veut la vie de cette France, arrête le fil électrique qui communique à l’ennemi le secret de la France. La Franc-maçonnerie sera vaincue, de terribles châtiments fondront sur elle. Mais je demande aux braves petits soldats de France, jusqu’aux généraux qui sont aux armées de
déployer le drapeau du Sacré-Cœur, malgré la défense formelle qu’on en fera autour d’eux; et que tous, généraux, officiers et simples soldats aillent de l’avant ! Je leur promets la victoire!
La secte franc-maçonnique, le gouvernement actuel seront châtiés; on découvrira tous leurs engins; plusieurs seront mis à mort."
Qui dira l’influence que cette lettre a pu avoir sur Raymond Poincaré? N’oublions pas que si, par respect humain et sans doute par son inscription à la Loge, il ne put ou ne voulut pas croire aux méfaits de la haute Maçonnerie et à l’Appel du Sacré Cœur, en tout cas le 19 octobre 1918, il signe le décret contre Mrs Caillaux, Loustalot et Comby "accusés d’attenter contre la Sûreté de l’Etat et de faits connexes, indépendamment des faits d’intelligence avec l’ennemi". (cf. Claude Mouton, Au plus fort de la tourmente, Claire Ferchaud, éd. Résiac 1983, p. 14).
Or, en ce combat de l’ombre, peu après la réception de Claire Ferchaud par le Président Poincaré, la Franc-maçonnerie s’efforce précisément de faire apposer un emblème sur le drapeau de la Société des Nations, représentant le Cœur de l’Humanité… simulacre ! (Louis Charbonneau-Lassay, Les représentations blasphématoires du Cœur de Jésus, revue « Regnabit », août-septembre 1924; Claude Mouton, op. cit. p. 37)
Devant l’inertie du Président et le désastre des armées, le 7 mai 1917,
Mon Général,
C’est pour obéir à Dieu que j’ai l’honneur de faire connaître sa volonté à tous les généraux de France.
Notre Seigneur qui aime tant les Francs leur demande d’accomplir un acte de foi vis-à-vis de sa royauté divine et de réclamer près du chef de l’Etat que l’image du Sacré-Cœur, signe d’espérance et de salut, brille officiellement sur nos couleurs nationales.
En récompense de cet hommage rendu par Dieu à nos vaillants défenseurs, le Sacré-Cœur leur promet le salut et la victoire sur tous nos ennemis. C’est aussi pour éviter une catastrophe que Dieu fait avertir nos Généraux de la perte que risque notre pauvre pays de France, qui est conduit par un gouvernement impie, et dont la franc-maçonnerie dirige la France à sa perte par d’affreuses trahisons…
Elle évoque alors pour les Généraux l’extase durant laquelle le Sacré-Cœur dénonça les agissements de la franc-maçonnerie, l’ennemi intérieur qui veut la perte de la religion catholique, et elle invite tous les chrétiens à s’agenouiller en bons français devant l’étendard du Sacré-Cœur pour se relever vainqueurs.
(Claire Ferchaud, notes autobiographiques, t. II, Mission Nationale, éd. Téqui, 1974, p. 39-40)
La démarche de Claire Ferchaud n’est pas inutile. Bien que le Président Poincaré, Malvy, Ministre de l’Intérieur, Painlevé, Ministre de la guerre, le général Philippe Pétain, chef d’état-major général, s’y opposent, de très nombreux soldats français placent l’image du SACRÉ-COEUR sur (ou sous…) leurs capotes à titre personnel.
Comme l’avait prédit Claire Ferchaud, les allemands arrivent aux portes de Paris. En juin 1918, le général Foch, DRAPEAU DU SACRÉ-COEUR EN TETE, réussit à repousser les 15 divisions allemandes. Devenu généralissime, au cours d’une cérémonie privée dans son quartier général, à Bombon en Seine-et-Marne, IL CONSACRE SES ARMÉES AU SACRÉ-COEUR dans la nuit du 18 au 19 juillet 1918. Nombreux sont les historiens catholiques qui attribuent sa victoire militaire à cette consécration. Lors du limogeage de Joffre à la fin de l’année 1916, le Gouvernement s’était efforcé d’écarter Foch et priver la France de ses services sous prétexte que, selon le mot de Viviani à Raymond Recouly, il était trop "mystique". Une campagne sournoise avait même été déclenchée contre lui, parce qu’il allait "trop souvent à la messe".
Claire Ferchaud dénoncera l’attitude du haut-clergé français, allant (déjà) dans le sens de la Franc-maçonnerie. Elle dit (le 26 octobre 1930) au Père Lémius :
"Je pleure surtout sur l’Episcopat français qui, le premier, devait répondre à cet appel si bon du Sacré-Cœur : « Je suis là »…
Je ne puis retenir un frisson d’épouvante sur les responsabilités de cet Episcopat, sourd à la voix de Dieu… par égard à un petit nombre d’hommes, la plupart athées, agents de cette Maçonnerie qui tue notre France chrétienne.
"Que de maux, de douleurs on aurait évités si la France avait voulu entendre en 1917, le "passage" de la divine Miséricorde ! Jésus alors ne venait pas pour frapper, mais pour sauver… Et que demandait Jésus pour prix de son grand Amour pour la France?… Simplement son Cœur sur notre drapeau ! Et dans cette demande divine et dans l’obéissance de la France, tout un plan s’élabore, puis se déroule dans notre cher pays… " (Claude Mouton, op. cit., p. 40)
Selon la demande du Christ, Claire Ferchaud avait le sentiment et elle l’a écrit, qu’en faisant apposer l’emblème du Sacré-Cœur sur le drapeau de la République, celui de la Royauté lui serait bien vite substitué… C’est pourquoi, comme pour 1918, la paix de 1944 ne constituera à ses yeux qu’une trêve avant la grande épreuve…"